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PREMIÈRE GUERRE MÉDIQUE.

Athènes, réduite à combattre seule, n’avait que dix mille hoplites, avec mille soldats de Platée, son alliée fidèle, contre les deux cent mille de l’envahisseur. Il lui fallait un héros pour oser et vaincre, les dieux renvoyèrent. Miltiade revenait d’une colonie de la Chersonèse, qu’il avait durement gouvernée, à la façon des « Tyrans » d’alors. C’était un homme du temps d’Hippias, d’esprit et d’éducation despotique. Mais rentré à Athènes, retrempé dans son air énergique et libre, le petit satrape devint un grand citoyen. Contre l’avis des autres stratèges, qui voulaient retrancher la défense au cœur de la ville, la circonscrire au rocher sacré, il soutint que le salut était dans l’attaque, qu’il fallait marcher sur l’ennemi au lieu de l’attendre, le frapper sur le rivage même de la mer, au seuil bruyant de la patrie grecque. Sa résolution l’emporta.

II

Un matin, la petite armée athénienne, campée sous les hauteurs qui dominaient Marathon, entonna le chant du Pæan, et fondit au pas de course sur les Perses. Avec l’élan de l’aigle, elle en prit la forme. Tandis que le centre rompait, les deux ailes hérissées de lances enveloppaient l’ennemi qui