Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
PREMIÈRE GUERRE MÉDIQUE.

déconcerta l’ennemi retrouvant, aux abords d’Athènes, l’armée qui venait de le vaincre à dix lieues de là. La flotte s’enfuit vers les Cyclades ; Athènes était sauvée une seconde fois.

La pleine lune étant enfin venue, la lourde armée de Lacédémone s’ébranla et se mit en marche. Elle arriva le lendemain du combat, juste à temps pour inspecter curieusement les cadavres des Perses encore gisants sur le sable. Il ne fallut rien moins que le soleil des Thermopyles pour éclaircir l’éclipse lunaire de la sombre Sparte.

Les miracles ne manquèrent pas à cette victoire merveilleuse, l’enthousiasme suscita des apparitions. On vit, au fort de l’action, le fantôme de Thésée s’élancer sur les rangs barbares. Un paysan inconnu combattait à côté de lui, armé d’un manche de charrue dont il frappait les ennemis : à chaque coup, il traçait autour de lui un cercle de morts. Ce Samson grec disparut après la bataille, L’oracle de Delphes, consulté par les Athéniens, leur ordonna d’adorer en lui le héros Échetlos, c’est-à-dire « l’Homme au manche de charrue » — Έχέτλη — sans doute l’incarnation du pays rural, le moissonneur des gerbes se transformant en faucheur d’hommes, aux jours de combat. Toutes les nuits le champ héroïque rejetait ses morts qui recommençaient la bataille ; la campagne retentissait du fra-