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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

nant le désastre de Marathon, Darius avait juré de l’anéantir. La morsure faite à sa puissance par ce petit peuple exaspérait son orgueil. Les préparatifs de sa revanche remplirent quatre années. Des masses de navires, de troupes, de transports, furent rassemblées de la Perside au Bosphore. La mort le surprit au moment où il allait se mettre à la tête de cet armement formidable. Son fils Xerxès lui succéda les Grecs l’auraient élu, s’ils avaient pu choisir leur ennemi.

Darius n’était pas né dans la pourpre ; il avait agi, administré, combattu avant de monter sur le trône. Après le meurtre du faux Smerdis, et selon le pacte étrange conclu entre les sept prétendants, son cheval de guerre hennissant le premier au soleil levant, l’avait sacré et proclamé roi. En revêtant le faste d’une monarchie divinisée, Darius était resté chef intelligent, soldat intrépide. L’idole n’avait point en lui recouvert et absorbé l’homme : de la son gouvernement énergique et sa sagesse relative. La Perse, telle qu’il l’avait façonnée, fut, un instant, comme une ébauche anticipée de l’Empire romain. Mais il ne put que la pétrir dans l’argile, au lieu de la tailler dans le marbre ; la matière lui manqua, non point le génie. Xerxès, au contraire, demi-dieu de naissance, fut bercé dans une nuée d’encens, par des mains serviles. L’éducation du ha-