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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

La nuit qui suivit le conseil entre Artabane et Mardonios, un Songe sortit donc par la porte d’ivoire des visions funestes, et visita Xerxès dormant sur son trône. Il lui apparut sous la forme d’un homme de haute taille, le visage empreint d’une majesté sévère, et lui ordonna de poursuivre l’expédition projetée, sous peine d’être châtié par les dieux. Xerxès, effrayé, fit appeler Artabane. Pour mettre à l’épreuve la vérité de l’apparition, il lui commanda de revêtir le costume royal, de s’asseoir et de s’endormir sur son trône : — « Car, lui dit-il, si c’est un dieu qui l’envoie, pour qui ce soit une joie que nous fassions la guerre à la Grèce, ce songe volera pareillement sur toi, et te donnera les ordres qu’il m’a donnés. » Artabane obéit, le Songe revint plus terrible ; l’homme nocturne reparut, non plus seulement impérieux, mais sombrement courroucé. Il éclata en menaces contre le vieillard qui avait osé dissuader Xerxès de son entreprise ; puis, étendant vers lui ses mains armées de fers rouges, il eut l’air de vouloir lui brûler les yeux. Artabane se réveilla en sursaut, avec des cris d’épouvante : il rétracta son opinion de la veille et se déclara convaincu. La cause était jugée, la guerre serait heureuse, puisque les dieux la voulaient : elle fut aussitôt résolue.

Les Grecs, quand ils entendirent cette page, lue par Hérodote, aux jeux Olympiques, se rappelèrent