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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/148

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ESCHYLE.

sans doute le « malfaisant Oneiros » du second chant de l’Iliade, ce Songe menteur, traître masqué des sommeils perplexes, que Zeus envoie à ceux qu’il veut perdre.

II

Darius avait remué son empire pour le porter sur la Grèce, Xerxès le souleva jusqu’aux fondations. L’Asie, en travail d’extermination, accouchait quatre années après d’une monstrueuse armée qu’on eût dit sortie des vomitoires de Babel.

On croit assister à une scène d’Apocalypse quand on la voit défiler dans le dénombrement d’Hérodote, splendide et farouche, horrible et terrible. Elle rassemblait toutes les races, depuis l’Aryen supérieur jusqu’au nègre infime : elle parlait toutes les langues, depuis le Zend sacré des mages jusqu’à l’idiome inarticulé des sauvages. Tous les costumes bigarraient ses rangs où la panoplie ciselée coudoyait le sayon de poil ou d’écorce : toutes les armes s’y échelonnaient, depuis la noble épée de haute trempe jusqu’à la flèche rudimentaire, garnie d’une pointe de silex. Les Perses et les Mèdes ouvraient la marche, ceints de leurs tiares de feutre, le carquois à l’épaule, le poignard à la ceinture, couverts de cui-