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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/157

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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

compagne de la Grèce. La vertu s’y joint, fille de la sagesse et des lois ; c’est par la vertu que la Grèce lutte contre la pauvreté et la tyrannie. Pour te parler seulement des Spartiates, ne fussent-ils que mille, ils te combattraient ; car ils ont un puissant maître, la Loi, et ils la craignent beaucoup plus que tes sujets ne te redoutent. Tout ce qu’elle ordonne, ils l’exécutent. Or, la loi leur commande de ne reculer devant aucune multitude et de vaincre ou de mourir dans les rangs. » Xerxès rit de cette idée folle : au compte de Démarate, un Grec pourrait tenir tête à dix mille Perses et deux à vingt mille ! Erreur de calcul : aux Thermopyles ils furent trois cents contre deux millions.

L’armée poursuivait sa marche à travers la Piérie et la Chersonèse. Sa soif tarissait les fleuves comme des citernes ; elle but d’un trait, au passage, le Scamandre, l’Onochone, l’Échidose, l’Issus, le Mélas ; la sécheresse sortait de ce tourbillon altéré, comme une haleine de simoun. Sa faim dévastait les champs et mangeait les villes ; la terre semblait se rétrécir sous les dents du monstre, à chaque pas qu’il faisait. Un an d’avance, l’ordre avait été donné à toutes les étapes de préparer « le repas du Roi » ; et depuis, les cités n’étaient occupées qu’à moudre du blé et qu’à engraisser du bétail, pour le service de Xerxès. La seule ville de Thasos dépensa quatre mille talents