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ESCHYLE.

les calamités imminentes. — Sortez du sanctuaire, l’âme est en deuil ! »

Jamais, de mémoire d’homme, la Pythie n’avait fait une si terrible réponse ; elle renversa les deux Athéniens comme un coup de foudre. Ils tombèrent atterrés sur le pavé du temple, laissant passer la colère du dieu. Rapporter à Athènes ces affreux augures, c’était briser sa force, désespérer son courage : ils résolurent d’aborder l’Oracle une seconde fois, et de lui arracher, par la prière, des mots moins néfastes. C’est en Suppliants qu’ils retournèrent au temple le lendemain, portant les rameaux d’olivier enroulés de laine. — « Ô Roi ! » dirent-ils, prosternés sur le pavé de la crypte, « fais-nous une réponse meilleure, sinon nous ne quitterons plus ton sanctuaire, mais nous y resterons et nous y mourrons. » Cette fois, la Pythie s’adoucit sans se rétracter elle commua son arrêt de mort en énigme, un vague regard de pitié passa sur les yeux funestes du « Loucheur », comme on appelait l’Apollon delphique. — « Athéné ne peut fléchir Zeus Olympien, — qu’elle supplie par de nombreux discours, de prudents conseils. — Mais je te donnerai cette assurance solide comme le diamant. — Quand tout sera subjugué dans la terre de Cécrops, — y compris les cavernes du divin Cithéron, — Zeus accorde à Athéné que des murs de