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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

gique, ébréché par la ruine, disjoint par le temps, mais dont la masse valait une forteresse en un pareil lieu. Léonidas, roi de Sparte, de la famille des Héraclides, y fut envoyé avec une petite armée. Trois cents hoplites, fleur guerrière de Lacédémone, formaient l’avant-garde, trois mille confédérés les suivaient, la plupart suspects ou irrésolus. L’histoire les a justement retranchés de cette défense immortelle, elle n’a compté que les héros de la tragédie, sans s’inquiéter des comparses : soustraction qui est une justice. L’élite intrépide a absorbé la troupe indécise, le choix moral a prévalu sur le chiffre brut. La postérité, comptant et recomptant les hommes des Thermopyles, n’en a jamais trouvé que trois cents, et ce fut, en effet, le chiffre du dernier combat.

Les Perses approchèrent, deux millions d’hommes allaient se heurter contre ces trois cents ; la montagne roulait sur l’atome.

Xerxès différa l’attaque de quatre jours, ne voulant pas croire a cette folie du courage. La petite troupe allait, sans doute, se rendre à première vue, devant l’immensité de son armée déployée. Un cavalier, envoyé en reconnaissance, trouva les Spartiates dispersés aux abords du camp. Ils avaient déposé leurs armes contre la muraille les uns luttaient nus, comme dans un gymnase, les autres peignaient