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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

famille accueillant des frères en détresse. Les Trézéniens ne se contentèrent pas d’ouvrir aux émigrants leurs foyers par une loi touchante comme une gâterie maternelle, ils permirent à leurs enfants de cueillir des fruits dans tous les vergers. Trézène fit mieux encore, elle paya pour eux des maîtres d’école. Les petits orphelins d’Athènes purent continuer à épeler l’Iliade, tandis que leurs pères la recommençaient tout auprès.

11 n’était resté à Athènes que quelques vieillards, autochtones opiniâtres, dévots de la Cité, confiants dans leur interprétation de l’oracle. La muraille de bois imprenable, c’était, à leur sens, l’antique palissade qui barricadait l’Acropole. Ils s’y retranchèrent après l’avoir fortifiée, et cette garnison d’invalides lutta comme la phalange des Trois cents. Les restes d’Athènes valurent son élite. Ils résistèrent aux attaques comme aux sommations, et lorsque les Perses eurent incendié leur clôture, ils firent rouler de leurs mains débiles des pierres énormes sur les assaillants. L’Acropole se défendit comme les Thermopyles, les deux rochers tinrent en échec le même océan. Il fallut aussi une surprise pour s’en rendre maître. Un contre-fort escarpé se dressait sur le front de la citadelle opposé aux murs le croyant inaccessible, on l’avait laissé sans défense. Quelques soldats hardis réussirent à l’escalader, ils coururent aux por-