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ESCHYLE.

tes et les enfoncèrent. L’armée persane se précipita dans l’enceinte, elle massacra tous ses défenseurs, pilla et saccagea les édifices qui couronnaient la colline ; les temples et la forteresse furent livrés aux flammes. — Incendie prédestiné qui allumait une aurore. Sans lui, les vieux sanctuaires archaïques, protégés par la tradition, auraient continué a végéter sur le rocher de Cécrops, étouffant en germe les colonnes divines d’Ictinos. Les statues de l’antique école de Dédale aux pieds joints, aux jambes parallèles, aux yeux indiqués par de simples lignes, auraient barré le passage aux Panathénées de Phidias. Il fallait une table rase à ces créateurs de la Beauté pure pour y produire leurs merveilles ; la flamme qui la leur apprêta, fut un feu sacré. C’est de sa cendre féconde que le Parthénon et l’Erechteion sont sortis.

Athènes était conquise, son foyer civique renversé : Xerxès triomphant en fit porter la nouvelle à Suse, qui l’accueillit avec des éclats d’allégresse. Mais, le lendemain, un prodige effrayait la joie des vainqueurs. On découvrit que l’olivier de Pallas, brûlé jusqu’aux racines par l’incendie de la veille, avait poussé dans la nuit un rejeton haut d’une coudée. Une sève miraculeuse rajeunissait la souche calcinée d’Athènes, le sépulcre proclamait la résurrection, l’espérance reverdissait en plein désespoir.