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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

poussée d’une acclamation. Le seul sénateur qui rompit l’unanimité du refus par un vote contraire, fut lapidé par le peuple. En même temps, les Athéniens envoyaient à Sparte des ambassadeurs pour lui reprocher l’odieuse défection qui les livrait à l’ennemi. Ils invoquaient, la foi jurée, le secours promis ; les Éphores restèrent sourds et les laissèrent dix jours sans réponse. Hérodote, habituellement si sobre de blâme, a marqué d’un mot sévère cette indifférence « Je n’en puis donner d’autre raison que celle-ci : l’isthme étant fermé, ils croyaient n’avoir plus besoin des Athéniens. » Un Tégéen leur fit enfin comprendre que leur mur de l’isthme n’était qu’un barrage inutile, que cent accès restaient ouverts sur le Péloponèse, en dehors de ce boulevard ébréché. Il les effraya en leur montrant les Athéniens acculés à cette extrémité de détresse où, le salut s’imposant comme la loi suprême, ils seraient contraints de traiter avec Mardonios. Un appel fraternel n’aurait jamais ému ces cœurs secs, le raisonnement de l’intérêt frappa ces têtes dures. Ils envoyèrent dix mille citoyens, escortés chacun de sept Ilotes, à la rencontre de l’armée des Perses.

Race équivoque, peuple à double face, Sparte est un corps mortellement étranger introduit dans l’organisme souple et généreux de la Grèce. Elle la fortifie quelquefois, le plus souvent elle la paralyse. On