Aller au contenu

Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
ESCHYLE.

l’admire et elle épouvante. Ses vertus féroces rebutent comme des vices. Son héroïsme intermittent est entrecoupé de torpeurs soudaines, d’attentats atroces. Elle a Léonidas, mais elle a Lysandre. Son idéal étroit de peuplade l’isole du patriotisme expansif qui l’entoure. Elle se retranche dans son couvent militaire, en sort parfois pour égorger un peuple, tuer une cité libre, comme ses éphèbes s’échappaient, la nuit, pour chasser l’Ilote ; puis elle rentre dans sa cité stérile qui ne produit que du fer, des sentences et de la terreur. Fondée sur l’esclavage, Sparte s’était prise dans les entraves que ses lois lui avaient Forgées. Aphrodite elle-même siégeait dans ses temples, enchaînée sur son autel par des liens de bronze.

Cependant Mardonios évacuait l’Attique et s’avançait en Béotie, dans la plaine que baigne l’Asope, entre Érythrée et Platée. L’armée lacédémonienne traversa l’isthme sous les ordres de Pausanias, elle fut rejointe à Éleusis par les Athéniens descendus de leur flotte. La partie, cette fois, était moins terriblement inégale que dans les combats précédents : cent dix mille Hellènes contre trois cent mille Perses et cinquante mille auxiliaires de la Grèce transfuge. Dix jours se passèrent en escarmouches et en marches qui transportèrent les deux armées, des rivages du fleuve, dans la grande plaine de Platée, adossée