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ESCHYLE.

montrant le contraste des repas dressés face à face : — « Ô mes alliés, voici pourquoi je vous ai réunis. J’ai voulu vous faire voir la folie du Mède qui, habitué à un tel régime, est venu pour nous conquérir, nous qui vivons et mangeons ainsi. » — Un Athénien aurait dit de même. Le luxe emphatique de l’Orient choquait la noble simplicité des Grecs, ils le raillaient et le méprisaient. Il y avait, à Élis, une statue ou plutôt un mannequin de Poséidon (Neptune), que ses prêtres costumaient d’oripeaux splendides par dérision, on l’avait nommé le Satrape.

Ce qui honore Pausanias plus encore que cette fière parabole, c’est sa réponse magnanime à un homme d’Égine qui lui proposait une revanche indigne. Xerxès, aux Thermopyles, avait fait crucifier le corps de Léonidas, et planter sur un pieu sa tête héroïque. Ces rois de Perse, pays des supplices rares et des tortures raffinées, s’acharnaient volontiers sur les cadavres de leurs vaincus. — Cambyse, en Égypte, fit fouetter et déchiqueter la momie d’Amasis arrachée de son sarcophage ; et comme le corps, pétri de baumes, émoussait les couteaux des exécuteurs, il ordonna, pour en finir, qu’on le jetât dans un four ardent. — L’Éginète vint donc exhorter Pausanias à venger l’outrage de Léonidas, en exposant, sur un pal, le corps de Mardonios aux huées de l’armée. Le lion spartiate rejeta ce conseil