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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

battre. S’il faut en croire Hérodote, des trois cent mille hommes de Mardonios, trois mille seuls survécurent. Ce qui frappe dans toute cette guerre, c’est l’ineptie de ces multitudes se ruant d’elles-mêmes à la tuerie par l’entassement. À Salamine, leur flotte s’engorge, comme un banc de poissons, dans la nasse serrée d’un détroit ; à Platée, l’armée se parque, avec l’aveuglement d’un troupeau, dans un camp fermé.

Le butin fut prodigieux : on entend rouler, tout le long d’une page de l’historien grec, les trônes, les lits, les cratères, les bassins, les bracelets, les cimeterres d’or. Chaque tente de chef recouvrait les magnificences d’un palais et les délices d’un harem. Pausanias tira de ce camp efféminé une morale Spartiate : étant entré dans le pavillon de Mardonios, il ordonna aux cuisiniers perses de lui préparer le festin qu’ils servaient, le soir, à leur maître. Ils dressèrent aussitôt des lits aux pieds d’argent et des tables drapées de pourpre, couvertes de plats et de vins exquis. À la vue de ce banquet Pausanias se prit à rire, et commanda à ses Ilotes de lui apprêter un souper à la laconienne. On jeta sur les tapis brodés de la tente une natte de roseaux, et on lui servit les mets monastiques des réfectoires de Lycurgue ; le brouet noir, du fromage de chèvre, une poignée de figues. Alors, riant toujours, il fit venir les stratèges de l’armée, et leur