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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

comme un oiseau entre deux essors, toute émue et toute palpitante, elle renoue sa sandale d’un geste rapide, comme pour reprendre sa course ou plutôt son vol. C’est l’image de la Victoire de Platée, quittant à la hâte son champ de bataille, pour aller s’abattre sur la plage glorieuse de Mycale. Deux triomphes le même jour, presque simultanés comme deux coups d’ailes ; le matin en Europe, l’après-midi en Asie.

La flotte grecque, commandée par l’Athénien Xantippe et le Spartiate Léotychidès, était en station à Délos, n’osant pousser jusqu’à Samos, pour délivrer l’Ionie. Un Samien vint presser l’amiral de Lacédémone : — « Quel est ton nom ? » lui demanda Léotychidès. — « Hégésistratos », répondit l’homme de Samos. — « Chef d’armée ». — L’oreille grecque était sensible a ces jeux de noms et de double sens, comme à des conseils indirects donnes par les dieux. Léotychidès accepta l’augure, l’expédition fut aussitôt résolue. Mais Hégésistratos dut promettre qu’il monterait à bord du premier vaisseau, comme son pilote de bon présage et son oracle vivant. Les cent-dix trirèmes helléniques firent voile vers Samos qu’elles trouvèrent abandonnée par l’ennemi. Les Perses se souciaient peu, depuis Salamine, d’engager avec les Grecs des combats de mer ; l’onde était évidemment leur alliée et combattait avec eux.