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ESCHYLE.

La flotte persane aborda au promontoire de Mycale, sous le couvert de l’armée qui occupait l’Ionie. Les vaisseaux, tirés sur le rivage, furent entourés d’une estacade de pierres et de pieux ; soixante mille hommes bordaient la côte ; la place semblait inabordable, étant deux fois défendue.

Mais les ne craignaient plus rien, le succès enflait leur courage. Ils résolurent de débarquer en face de la double armée qui leur barrait le passage. Salamine les avait trempés dans ses flots, comme dans un Styx qui les rendait invincibles.

Au moment où ils allaient attaquer, une Déesse rare dans leur mythologie et dans leur histoire, comme un météore à longs intervalles, vola par les rangs et leur apprit la grande nouvelle de Platée. Cette divinité mystérieuse passe deux fois dans l’Iliade et dans l’Odyssée, traverse un vers d’Hésiode, et disparaît après avoir illuminé une page d’Hérodote. L’historien l’appelle Phémé, dont les Romains ont fait leur Fama, la Renommée aux cent bouches et aux cent clairons. Mais la Phémé grecque, à qui les Athéniens avaient consacré un autel, était bien plus merveilleuse. Elle personnifiait cette télégraphie divine qui propage parfois les grands événements par-dessus le temps et l’espace, le message transmis, non point par une bouche humaine, mais par la voix sans langue de l’air. Phémé exprimait mieux encore