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LES PERSES D’ESCHYLE.

disputaient, et parfois leur enlevaient la couronne, n’étaient pas moins féconds en œuvres. Les tragédies encore vivantes de la délivrance suscitèrent des drames pleins de leur flamme et de leur esprit. Les hauts faits du présent réveillèrent les légendes épiques du passé. Chaque combattant de Marathon et de Salamine produisait un héros de plus sur la scène, le mort légendaire renaissait du vivant illustre. Si le théâtre athénien domina et inspira tous les autres, c’est qu’Athènes avait été l’âme de ces grandes luttes ; c’est que seule elle avait eu l’idée d’une Patrie commune se levant en masse contre les Barbares, et que cette patrie était née des efforts magnanimes qu’elle fit pour la concevoir. Ayant eu Miltiade, Thémistocle et Xantippe, Athènes méritait d’avoir Eschyle, Sophocle et Euripide. Ces trois grands poètes sont, à leur façon, fils de Salamine. Eschyle y combattit, Sophocle dansa autour de ses trophées, Euripide naquit le jour de la bataille.

II

Ce fut sept ans après Salamine qu’Eschyle composa les Perses, la première de ses tragédies qui soit venue jusqu’à nous, la seule de tout le théâtre grec dont l’action soit contemporaine. C’est aussi