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ESCHYLE.

des langues entraînera la chute de Babel. — « Les nations de ta terre d’Asie n’obéiront plus longtemps à la loi des Perses ; elles ne payeront plus longtemps les tributs de la servitude. Elles ne se prosterneront plus sous la majesté souveraine ; la puissance royale a péri. La langue des hommes ne sera plus enchaînée, le peuple détaché du lien pourra parler librement ; le joug de la force est brisé. »

La reine revient, chargée des libations funéraires. Elle apporte le lait d’une génisse sans tache, du miel, de l’eau puisée à une source vierge, « et cet enfant pur d’une mère agreste, joyeux délices de la vigne, et l’huile de la blonde olive, doux fruit de l’arbre qui ne se dépouille jamais de son feuillage ». Le Magisme oriental forçait la tombe avec d’autres charmes, c’était en la comblant d’hommes et d’animaux égorgés qu’il en faisait surgir ses fantômes. Eschyle, adoucissant cette fois son génie farouche, transporte en Perse les rites gracieux de la magie grecque. Il offre à l’âme du mort pour l’attirer sur la terre, ce qu’il faudrait pour faire accourir, dans un verger, un essaim d’abeilles.

En revanche, l’énergie barbare reparaît par traits véhéments, dans le chant de nécromancie que le Chœur entonne à la demande d’Atossa. Son texte est fruste et obscur, en certains endroits presque