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LES PERSES D’ESCHYLE.

pistès, fils de Batanachos, fils de Sésames ? Et Parthos, et le grand Œbarès, où les as-tu laissés ? » — Xerxès demande grâce ; il se débat sous l’interrogatoire qui le presse, comme sous l’étreinte d’une torture : — « Ah ! tu ravives mon remords en rappelant ces malheurs ! Mon cœur crie du fond de ma poitrine ! » — Mais le nécrologe continue, monotone et inexorable. Revers terrible, contraste tragique : les mêmes hommes que le Chœur voyait, au début du drame, marchant vers l’Occident dans l’attirail de la gloire, comme s’ils allaient à la conquête du soleil couchant, il les traîne maintenant sanglants et brisés devant leur roi désastreux. La revue triomphale s’est changée en revue funèbre. — « Et Xanthès le Marde, qui commandait à dix mille soldats, et le vaillant Ancharès, et Dièxis, et Arsamès, maîtres des cavaliers, et Cédathatès, et Lythymnès, et Tolmos insatiable de combats ?» — « Ensevelis ! ensevelis ! non sur des chars couverts de pavillons, mais sans cortège et sans honneurs funéraires ! » — C’est la Confession publique de l’Église primitive, anticipée dans une cour de la vieille Asie. On se rappelle Théodose pleurant aussi le massacre de Thessalonique, devant les « Fidèles », le front couvert de cendre, et dépouillé des ornements impériaux.

Mais voilà que l’humiliation de Xerxès enhardit le Chœur, il perd le respect. Ce réveil de la langue du