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ESCHYLE.

on dirait qu’il domine son roi de la hauteur d’un tribunal soudainement dressé. C’est maintenant un juge sévère, qui recherche et qui interroge. — « Où as-tu laissé l’élite de tes amis, ceux qui se tenaient debout ton côté : Pharandacès, Susas, Pélagon, Datamas et Agdabatas, Psammis, Susicanès qui, pour te suivre, partit d’Echbatane ? » Et Xerxès répond, en se frappant la poitrine. — « Je les ai laissés morts, précipités de leurs vaisseaux tyriens, sur l’âpre plage de Salamine. » — La confession se poursuit, l’examen de la conscience royale se déroule ; l’armée morte défile devant le roi, survivant, et chaque chef rappelé semble lui jeter son sang au passage. — « Hélas ! Hélas ! qu’as-tu fait de Pharnuque et du vaillant Aviomardos ? Où sont le prince Sévacès et le noble Lilée ? Memphis, Tharybis, Masistrès, Artembarès et Hystechmas, dis-moi où il ssont ? » — Le pénitent s’écrie, dans un long sanglot : — « Hélas ! Hélas ! En face de l’antique et odieuse Athènes, abattus d’un seul coup, les malheureux ! Ils ont été jetés palpitants contre terre.» — C’est le Dies iræ de la catastrophe ; le Livre est ouvert devant le coupable, le livre « où tout est contenu ». Chaque flot pousse un cri qui l’accuse, une mer qui rejette des cadavres, roule son flux et son reflux contre lui. — « Et l’œil fidèle qui comptait pour toi, myriade par myriade, les Perses innombrables, Al-