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ESCHYLE.

leur barbe et leurs cheveux blancs. Les Derviches hurleurs de l’Islam préludent, mille ans d’avance, à leurs vociférations extatiques, par la voix des Perses d’Eschyle. Aux Οἶ, οἶ, ἱἠ. Οτοτοτυτοἲ ! répétés de sa tragédie, répond, à travers dix siècles, l’écho sauvage des Tekiés de Péra et de Scutari ! Allah ! — Allah ! — Allah ! — Allah hou !

Mais le risible se mêle à l’horrible, et le poète grec, tout en élevant à la grandeur lyrique ces mômeries barbares, raille évidemment le roi méprisable qui s’étourdit avec leur vacarme. Après avoir dégradé Xerxès, bafoué sa démence, marqué sa lâcheté, exposé son âme, Eschyle finit par le noyer dans ses pleurs.