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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/261

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LES MYTHES DE PROMÉTHÉE.
II

L’histoire de la découverte du feu s’est éteinte presque partout dans la nuit des âges : sur un seul point elle rayonne encore. Mais ce point est le sommet culminant du monde, le plateau de la haute Asie où vint se poser l’arche de nos origines, d’où découlèrent toutes les grandes familles de l’espèce humaine. Avec quelle magnificence l’Épiphanie du feu s’y révèle ! Le Rig-Véda est sa Bible ardente, son psautier fervent et inextinguible. Les siècles ont passé sur ce livre six fois millénaire, et il brûle encore.

Entre les mille Hymnes du Rig-Véda, cinq cents invoquent le Feu tout-puissant. — AguiIgnis, — c’est le nom qu’il prend en se fixant sur la terre. Nulle idée d’un phénomène physique invariable dans le procédé qui le fait surgir. Ses naissances et ses renaissances sont autant de miracles, il jaillit et il s’alimente, dans un prodige permanent. Sans le cantique qui rythme la rotation de la tige dans le trou du disque, le dieu violenté ne paraîtrait pas ; la parole l’excite plus que le frottement, il veut être chanté en même temps qu’attisé. Tout s’anime, tout se divinise autour de sa conception