Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/260

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la chaleur dont l’air était imprégné s’évaporait dans l’espace. Tantale de la mer de feu qui baignait le monde, l’homme croupissait ou s’agitait dans ses flots, sans pouvoir en recueillir l’unique goutte qui l’aurait tiré des horreurs de la vie sauvage.

Ce feu tombé du ciel avec la foudre, qui s’engloutissait dans le sol, qu’on sentait frémir encore dans la lave et la scorie refroidie, l’homme primitif se dit un jour qu’il rentrait et se cachait quelque part. Le rayon fugace s’évadait sans doute, il se dérobait aux poursuites, en se réfugiant dans la substance des choses qu’il avait atteintes. Le bois surtout qu’on voyait souvent s’enflammer de lui-même, devait être son receleur habituel. L’industrie humaine saisit cet indice ; on frotta longtemps deux branches sèches l’une contre l’autre, la flamme en jaillit. Mais l’opération était lente, parfois inutile ; elle usait la patience et les mains de l’agitateur. Un instrument nouveau est trouvé par les Aryens, pères de notre race. C’est un rond de bois creusé au milieu on fait tourner rapidement un bâton, en sens contraires, dans l’ouverture pratiquée au centre du disque, et le feu s’allume, cette fois, sans intermittences ; il répond docilement à tous les appels.