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LES MYTHES DE PROMÉTHÉE.

et d’ordre, dont les violences même tendaient à une règle, et les puissances titaniques, habituées à l’anarchie du Chaos. Prométhée était de cette lignée révoltée, et ses frères avaient été de la grande bataille livrée au maître nouveau. L’un, Ménœtios, frappé de « la foudre blanche », gisait englouti dans l’Érèbe ; l’autre, Atlas, le dieu-montagne, ployait, à l’occident, sous la voûte du ciel ; Zeus l’avait condamné a porter la Sphère étoilée. Cariatide du firmament, le géant vaincu soutenait sur sa tête courbée, de ses bras raidis, l’énorme rondeur du Zodiaque. La seule distraction de son supplice immobile était la visite quotidienne du Jour et de la Nuit, qui, chaque matin et chaque soir, alternaient solennellement devant lui. — « Devant les portes du Tartare, le fils de Japet supporte le Ciel vaste, de ses mains infatigables, là où le Jour et la Nuit se rencontrent ; se parlant l’un à l’autre, lorsqu’ils passent tour à tour le large seuil d’airain. L’un entre et l’autre sort, et jamais ce lieu ne les renferme tous deux à la fois. Il y en a toujours un en dehors qui se meut sur la terre, tandis que l’autre reste en dedans, attendant l’heure du départ. » — Prométhée, le sage de la famille, n’avait point pris part à l’assaut de l’Olympe mais il s’était déclaré le patron des hommes haïs par Zeus, à son avènement, comme une race suspecte de titanisme, capable elle aussi de ré-