volte, peut-être, un jour, de rivalité. De là une méfiance sourde et grondante, un ombrage qui s’amassait comme une nuée de tempête. Le regard du Titan et la foudre du Dieu croisaient leurs éclairs.
Le récit par lequel Hésiode explique les griefs de Zeus contre Prométhée, a la grossièreté d’une légende rustique. C’est dans la Théogonie qu’il est raconté ; mais sa place serait plutôt dans les Travaux et les Jours, ce poème de sueur et de peine, dont chaque vers semble creuser un sillon. Mythe de paysan plutôt que de poète, il attribue au Dieu et au Titan l’âpreté cupide et l’esprit retors de deux métayers en procès sur un partage de domaine ou sur la borne d’un champ. La scène se passe à Sicyone, au temps d’une sorte de congrès fabuleux, « lorsque les dieux et les hommes disputaient entre eux » sans doute sur les rites des sacrifices et le partage des victimes. Prométhée, voulant tromper Zeus, tue un bœuf et le dépèce en deux parts : d’un côté, les chairs et les entrailles qu’il enveloppe sous la peau de l’animal écorché, de l’autre, les os qu’il recouvre d’une belle couche de graisse succulente. Zeus soupçonne la fraude, mais laisse faire le fraudeur, méditant déjà sa vengeance. — « Fils de Japet, » — dit-il au Titan, — « le plus illustre des rois, ô cher ! comme tu as fait les parts inégales ! » Prométhée lui répond, « souriant en