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LES MYTHES DE PROMÉTHÉE.

lui-même de son stratagème » : — « Glorieux Zeus, le plus illustre des Immortels ! choisis entre ces deux parts celle que tu croiras la meilleure. » — Zeus ne se méprit point, mais voulant prendre le trompeur en flagrant délit, il enleva la graisse des deux mains, découvrit les os, et dit au Titan : — « Fils de Japet, subtil entre tous les êtres, ô cher ! tu n’as point oublié tes ruses adroites. » — Et châtiant sur Prométhée la race qu’il protège, content au fond d’avoir un prétexte de retirer aux hommes un élément dont il est jaloux, Zeus leur enlève le feu inextinguible ; il le souffle sur la surface de la terre, tous les foyers sont éteints. Mais Prométhée le trompe encore il monte au ciel sur un char ailé que Pallas-Athéné lui prête, et il dérobe au Soleil une étincelle qu’il cache dans la tige creuse d’un roseau : transformation visible du bâton de figuier — Pramantha, — qui tournait dans le disque des pasteurs aryens. Cette fois, Zeus « fut mordu au fond de son cœur ». Il enchaîna le Titan à une colonne qui figurait ironiquement le support des âtres rallumés par lui, et il lança sur sa poitrine un aigle vorace qui mangeait soit foie. — « Il en renaissait autant durant la nuit qu’en avait mangé, tout le jour, l’oiseau aux ailes éployées. »

La vengeance du dieu n’était pas encore assouvie. Avant de l’envoyer au supplice, Zeus dit à Promé-