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LES MYTHES DE PROMÉTHÉE.

pièce sa charpente osseuse, avant de la revêtir de chair et de muscles. Trois pierres gravées représentent Prométhée mesurant le corps humain avec un fit de plomb : — Prométhée modelant le squelette : — Prométhée pesant dans une balance les membres du corps. — Images frappantes qui résument les règles de l’art si profondément scrutées par les Grecs. On sait avec quelle précision pénétrante ils étudiaient l’organisme humain dans tous ses ressorts. Quelque chose de sacré s’attachait pour eux à cette science. Hippocrate déposa dans le temple de Delphes, entre les statues des dieux, un squelette d’airain rigoureusement reproduit.

On voit aussi sur un bas-relief Prométhée assis devant sa plinthe de travail : il achève de modeler un enfant impatient de rejoindre trois autres figurines déjà descendues de leur socle. Ailleurs, il tient paternellement sur ses genoux la maquette d’un homme qu’il termine. Un autre marbre le montre raccordant les bras et les jambes, le torse et la tête d’un corps qu’il a sculpté par fragments. Mais, dans toutes ces scènes, Prométhée n’apparaît que comme l’ouvrier de l’homme, son praticien inspiré. Le pouvoir de l’animer lui est refusé. C’est Pallas, la Sagesse céleste, qui pose le papillon de l’âme sur la tête de ses créatures. Le Titan a tiré le feu du ciel, mais il ne peut en faire jaillir l’étincelle divine de la vie.