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ESCHYLE.

haut de l’Olympe ; il ne boite pas seulement, il rampe un peu depuis ce temps-là. — Sans doute, Zeus est impitoyable, mais Prométhée n’est pas sans reproche. N’était-ce pas folie que de déclarer la guerre aux dieux pour l’espèce humaine ? L’étincelle qu’il a dérobée pouvait-elle lutter contre le tonnerre ? — « Voilà le fruit de ton amour pour les hommes. Tu as fait de trop grands dons aux mortels. Toujours, c’est un maître dur celui qui commande depuis peu. »

Mais la Puissance a hâte d’en finir, il lui tarde de voir le Titan aux chaînes. Ses frères déracinaient les montagnes : ne pourrait-il pas d’une secousse arracher le roc où il est couché ? Elle presse donc Héphestos d’agir au plus vite, elle le harcelle d’injonctions féroces : c’est en l’aiguillonnant de la foudre qu’elle le contraint l’ouvrage. — « Que tardes-tu ?… Crains de gémir sur toi-même si tu n’obéis… Étreins-le de chaînes… — Rive-les autour de ses bras… Cloue-le à ces roches… Enfonce rudement, à travers sa poitrine, la dent de ce coin d’acier… Garrotte-le autour des flancs et sous les aisselles… Cercle violemment les cuisses avec des anneaux… Entrave les pieds fortement. » — Chaque membre est ainsi inventorié et scellé, chaque ferrement inspecté par l’argousin de l’Olympe. On entend sonner le marteau, crier les