vis, grincer les ferrailles ; on voit s’allonger et se tordre le serpent d’airain qui enroule à triple tour le corps du patient. Ce devait être un effrayant spectacle que celui de cette Crucifixion gigantesque dressée en plein théâtre, sous les yeux d’un peuple. La terreur visible de la scène n’a certes jamais été au delà.
Héphestos obéit et frappe, non sans protester. D’artiste en belles œuvres, devenir un artisan de tortures, meurtrir et broyer la chair de la même main qui cisèle les vases des banquets célestes, quelle contrainte et quelle déchéance ! Il en gémit au fond de son cœur ; il gronde sourdement, sous la voix stridente qui l’excite, comme le feu qu’il recèle en lui, sous le fer aigu qui l’attise. De temps en temps, on le voit retourner vers la Puissance sa grosse tête de serf indigné du forfait que son suzerain lui commande. — « Tu es sans pitié et plein d’audace… Ta parole est aussi dure que ton visage… Cette tâche, que n’est-il donné à un autre de l’accomplir !… Hélas Prométhée, je me lamente sur tes maux… Habileté de mes mains, que je te déleste ! »
Cependant, par un de ces traits comiques qui dérident souvent, dans Eschyle, les plus sombres scènes, le forgeron content de son adresse reparaît par instant sous le frère en larmes. Héphestos déplore son cruel ouvrage, mais il s’y applique ; il entend qu’il soit sans défaut et qu’on n’y trouve rien à