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ESCHYLE.

pour compagne. Dans la Théogonie d’Hésiode, Héphestos est l’époux d’Aglaé, la plus jeune des Grâces ; dans l’Iliade, de sa sœur Charis ; dans l’Odyssée, il a pour femme Aphrodite elle-même. Et malgré son adultère avec l’Arès grec, on la voit mieux encore que sur le Mars romain de Lucrèce, « mollement répandue » — circumfusa super — sur le corps de fer du rude artisan ; car ce sont ses caresses qui insinuent à ses doigts nerveux les reliefs exquis et les contours délicats qu’il imprime ensuite à ses œuvres. Héphestos était le grand maître des fontes et des ornements du métal, aussi habile à battre la cuirasse du guerrier épique qu’à tourner les bracelets de Cypris. C’était lui qui avait bâti et meublé les douze chambres splendides des Douze Grands Dieux. Pour lui-même, il s’était construit un palais d’airain dont le plafond étoile répétait la rondeur de la voûte céleste et les Signes mouvants des constellations. C’est là qu’il forgeait et qu’il travaillait, non point assisté par la troupe monstrueuse des Cyclopes dont la fable l’entoura plus tard, mais farouche et solitaire, à la façon d’un Michel-Ange olympien. Vingt soufflets qui se gonflaient d’eux-mêmes, comme des athlètes ramassant leur souffle, et qu’il gourmandait comme des apprentis, attisaient ses vingt fourneaux flamboyants. Des chefs-d’œuvre d’art et de mécanisme sortaient de leurs