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PROMÉTHÉE ENCHAÎNÉ.

comme un roi quand il sort des vapeurs de son officine. C’est avec une reconnaissance affectueuse qu’il accueille sa mère d’adoption : — « Thétis au péplos flottant, vénérable et chère, pourquoi viens-tu dans ma demeure que tu visites si rarement ? Parle, ce que tu as dans l’esprit mon cœur m’ordonne de l’accomplir si je le puis et si c’est possible. » — La mère lui demande pour les dernières victoires de son fils « qui doit bientôt mourir », un bouclier et un casque, une cuirasse et de belles cnémides avec leurs agrafes. Il lui répond de toute son âme, avec une cordiale compassion : — « Calme-toi, n’aie plus de souci. Plût aux dieux que je pusse sauver de la mort lamentable ton fils chéri, quand l’inévitable destin le saisira, aussi aisément que je lui donnerai de belles armes que tous les hommes admireront. » — Et retournant à son enclume, il va lui forger ces armes flexibles qui couleront sur le corps glorieux du héros, et le porteront comme des ailes, dans la mêlée du combat.

III

L’exécution est terminée, les bourreaux s’éloignent, laissant le supplicié aux horreurs de son agonie. Mais, avant de disparaître, la Puissance lui