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ESCHYLE.

même, Hermès est multiple et contradictoire des contes ont travesti ses symboles ; les poètes l’ont défiguré à plaisir. Il convient donc de réhabiliter le dieu calomnié, et, comme firent les Athéniens après le sacrilège d’Alcibiade, de laver d’huile ses stèles profanées.

IX

L’origine d’Hermès est toute céleste et toute aérienne. Il se forme dans les crépuscules, il s’élance des longues bandes d’or que le soleil levant ou couchant trace à l’horizon. Longtemps on l’adora sur les hauteurs, comme tous les dieux de la lumière. Quelques-unes de ses épithètes, « le Blanc», « le Brillant », — λευκὸς — gardent trace de ses couleurs primitives. Sur une corne étrusque du Vatican, on voit sa double figure : l’Hermès du matin est imberbe, l’Hermès du soir porte une longue barbe, signe de la vieillesse du jour déclinant. D’autres peintures de vases archaïques le représentent avec deux ailes, l’une blanche et l’autre brune ; son pétase est moitié blanc, moitié noir ; son visage est également mi-parti, clair à droite et foncé à gauche. L’Orient et l’Occident du ciel s’accouplent ainsi dans la figure de leur précurseur. Plus tard, on fit Hermès