dée d’or, et les clochettes qui tintent aux franges de sa robe sont les grelots qui sonnent aux tambourins des Ménades. — Qu’on s’imagine des rabbins de Rome ou d’Alexandrie écoutant aux portes du banquet de Plutarque ces naïfs blasphèmes. Ils auraient déchiré leurs vêtements, jeté sur leur tête des poignées de cendre, et sonné dans le Schofar liturgique, sur les convives sacrilèges, une fanfare de malédiction.
Un de ces dieux étrangers faillit détrôner le dieu autochtone. Entre le Bacchus purement agraire des premiers âges et le dieu de Thèbes, le Bacchus Lydien remplit l’interrègne. Celui-là, tout Asiatique, dissolu et amolli, ceint de la mitre féminine, portant la barbe en pointe ou mollement sinueuse des rois de l’Orient, vêtu de la Bassara en peaux de renard, la longue robe traînante des Ménades de l’Asie Mineure. Sans qu’il ait quitté tout à fait la Grèce, il rentra vite dans l’obscurité ; on ne vit bientôt plus en lui qu’un Dionysos déguisé.
Mais en Grèce même, tandis que le Bacchus Thébain règne et triomphe au grand jour, un symbolisme secret travaille sur lui et pour lui dans l’ombre ; il lui creuse un empire occulte aussi vaste que son royaume extérieur. En sa qualité de dieu fécondant, Dionysos s’unit à Déméter et à Perséphone : le vignoble épouse la gerbe, la grappe se