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GRANDEUR ET DÉCADENCE DE BACCHUS.

du Tartare. Un mariage funèbre les unit, la vie et la mort se pénètrent dans leurs embrassements. « Il y a aussi dans la tombe des amours et des noces, » dit un poète antique : — Ώς κἅν ταφοίς ἒρωτες εἰσί καί γάμοι. Tous deux passent la saison de la torpeur hivernale dans le noir royaume puis ils remontent à la lumière, au milieu de la gloire en fleurs du printemps. Perséphone redevient alors la vierge riante qu’elle était, lorsque, avant le rapt de Pluton, elle cueillait des narcisses dans les prairies siciliennes. Un bas-relief la montre heureuse et joyeuse, pareille à la jeune veuve d’un époux morose, amoureusement remariée au roi de son choix. Un bouquet d’épis à la main, elle trône à côté de l’époux radieux, sur le char des grandes pompes bachiques, traîné par un quadrige de Centaures.

V

Bacchus n’a pas épuisé ses transmigrations ; l’Orphisme met la main sur lui, il l’emporte dans ses Mystères pour en faire le Dieu suprême dont il médite l’avènement. On sait quel rôle joua dans le polythéisme cette secte théurgique et mystagogique qu’on voit poindre vers le milieu du sixième siècle, obscure d’abord et latente, masquée du nom d’Orphée dont elle