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Page:Pauphilet - Contes du jongleur, 1932.djvu/35

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D’UNE TUNIQUE DE LIN

La nuit vient et passe ; le jour reparaît ; les hérauts parmi le camp jettent leur cri : « Lâchez, lâchez ! » Plus de mille fois, la nuit, le chevalier a baisé cette tunique, qu’il tenait embrassée, et s’est promis plus d’exploits qu’il n’en fut jamais accompli pour une femme. Mais, au moment de s’armer, lui aussi, malgré son courage, il se prend à réfléchir. En son âme, comme en celle de ses compagnons, Couardise et Prouesse bataillent. « Pense, lui dit l’une, aux lames d’acier qui te trancheront les flancs ! À tes épaules, à tes côtes dépecées de coups que les autres chevaliers, protégés par de bons hauberts, ne connurent jamais ! À quoi bon ta vaillance ? Toi-même tu la trahis par cette folie : morte est ta

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