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Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/22

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Jeanne d’Arc dans les couloirs de la Chambre, mais à Orléans il ne le fait pas à la farce. » Péguy a été élevé dans le souvenir et le culte de Jeanne d’Arc dont sa grand’mère lui a souvent conté l’histoire. Il a suivi ses pas sur les rives de la Loire ; elle est la première représentation historique dans sa vie. Il a été soumis aux rites catholiques et a fait sa première communion comme l’enfant de Domrémy. Quand il parlera d’elle, il sera soutenu par ce qui dort en lui et qu’il se sent de commun avec elle.

J’ai aimé Péguy avec familiarité tout de suite. Tout de suite il m’a été intelligible et parent. Et lui aussi m’a aimé, malgré nos différences de mœurs et bien que nous n’eussions pu nous voir d’abord qu’à travers les brèches de la barricade, parce que nous sommes de l’espèce qui passe sa vie à réveiller en soi de couche en couche les sentiments et les idées qui y dorment accumulés par les générations.

Orléans joue un grand rôle dans la formation de Péguy. Il n’y fut pas seulement un enfant et un collégien, mais encore un soldat. Il y passa son année de service militaire dans un régiment d’infanterie. Et ce fut pour sa formation une année d’importance capitale.

Cet adolescent qui vient d’être un collégien discipliné sera un soldat modèle et qui se soumet à toutes les exigences du métier. Ne croyez pas qu’il soit sans argent ; il pourrait se décharger sur d’autres de certaines

    et des plus intimes amis de Péguy, possède une correspondance, des manuscrits, des épreuves, des souvenirs, tout un trésor que nous le remercions de nous avoir ouvert, et le même remerciement nous l’adressons à Louis Gillet, aux Tharaud. Des jugements, la postérité s’en charge, mais des renseignements elle veut que nous les lui fournissions.