Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/380

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le rendre de la façon la plus claire et la plus vivante possible. » J’ai eu, continue notre collaborateur, j’ai eu avec le journal d’excellents rapports. J’étais parti pour un mois. La grève éclatant, on m’a envoyé des fonds pour pouvoir y rester le double…

Moi aussi je présenterai donc ce cahier comme un exemple éminent de ce que nous eussions pu faire ensemble, ceux de Jaurès et de Herr, et ceux qui sont devenus ceux des cahiers, si nos voies étaient demeurées unies. Le courrier que l’on va lire ne se compose pas seulement des correspondances qu’Avenard put envoyer à l’Humanité. Mais les correspondances qu’Avenard put envoyer à l’Humanité en forment la bâtisse et le premier texte. Le texte définitif et complet du cahier a été arrêté fin mars et m’a été livré aussitôt. À peine ai-je besoin de dire ici que nous n’y avons pas, depuis cette date, changé une virgule.

Ce texte appellerait des commentaires infinis. Nos abonnés les feront eux-mêmes, en eux-mêmes, dans le secret de leur cœur. Ils seront eux-mêmes saisis par cette opposition saisissante entre les lenteurs et les inaboutissements du mouvement libéral constitutionnel et toute l’abrupte soudaineté du soulèvement populaire. Moi qui lis tant d’épreuves et qui devrais être blasé, la contrariété en forme de choc de ces deux premières parties du cahier, cette contrariété intérieure et réelle, nullement factice, nullement littéraire, cette opposition tragique sortie d’une opposition tragique intérieure de la réalité même m’a saisi comme je l’avais été rarement. Ce mouvement libéral constitutionnel qui continue son petit bonhomme de chemin de mouvement libéral