Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/486

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ni la jalousie des dieux ni la vengeance de la fatalité ; ne faisons point comme l’autre qui brave.

Héritiers autant que nous le pouvons, autant que nous le voulons, et quelquefois même un peu plus, de la discipline hébraïque, héritiers des Juifs anciens, cohéritier des Juifs anciens avec les Juifs modernes, au moins avec certains d’entre eux, ami de certains Juifs nouveaux, particulièrement qualifiés, des plus nobles, des plus dévoués, des plus dignes de leur éternité terrestre et de leur incomparable race, — commensaux des Juifs, c’est-à-dire aujourd’hui mangeant à la table de la même cité, — de la discipline hébraïque, des anciens et des nouveaux Juifs recevons cet enseignement que le salut temporel de l’humanité a un prix infini, que la survivance d’une race, que la survivance terrestre et temporelle d’une race, que la survivance infatigable et linéaire d’une race à travers toutes les vagues de tous les âges, que le maintien d’une race est une œuvre, une opération d’un prix infini, que l’immortalité terrestre et temporelle d’une race élue, quand même ce serait une race humaine simplement, et surtout quand c’est une race comme cette race la seule visiblement élue de toutes les races modernes, la race française, que ce maintien et que cette immortalité est un objet, une proposition d’un prix infini, qui paie tous les sacrifices. Et je place ce paragraphe sous l’invocation de la mémoire que nous avons gardée du grand Bernard-Lazare.

Héritiers autant que nous le pouvons et plus que nous ne le méritons de la discipline antique, des anciens recevons cet enseignement que nous sommes des citoyens, que la cité a une valeur propre, une