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Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/94

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Ils m’ont enseigné le sifflet de Franklin, et la ligne droite si l’on coupait la France de Liège à Bayonne.

La plupart des gens qui flattent aujourd’hui les instituteurs pour s’en faire une clientèle sont des bourgeois d’origine secondaire.

J’aimais beaucoup mes maîtres primaires. J’ai conservé des relations personnelles, respectueuses, affectueuses, avec la plupart d’entre eux. Venu au lycée, nous eûmes avec les normaliens primaires d’excellentes relations. Nous fîmes, sans phrases, la fameuse fusion des deux enseignements. C’était le temps où l’on restituait les exercices physiques. Il y avait des équipes du lycée, des équipes de l’école normale. Nous concourions. Nous composions des rallies, des parties, des fêtes.

Je retrouvai au régiment beaucoup d’instituteurs et dans cette camaraderie sans appareil j’eus avec plusieurs d’entre eux des relations de véritable amitié. Ces relations furent continuées. Depuis que j’ai commencé à faire des éditions, par les cahiers ou, en dehors des cahiers, par les Journaux pour tous, aujourd’hui par l’œuvre du Livre pour tous, par Pages libres, je continue à communiquer avec des instituteurs, de plus en plus nombreux. Nous avons beaucoup moins d’instituteurs abonnés de propagande ou abonnés ordinaires que nous ne servions la première année d’abonnements gratuits à des instituteurs. Mais dans l’accroissement régulièrement lent de nos cahiers, les instituteurs figurent pour un accroissement supérieur à l’accroissement moyen. Les instituteurs nous écrivent longuement ; et je lis scrupuleusement tout ce qu’on nous écrit.

Je connais donc les instituteurs. Je les connais comme