de la place Vendôme. — Parva magnis. Il est vrai que du temps de cette ode il fallait peut-être préciser. La « colonne de la place Vendôme » n’était peut-être point encore la colonne. Il n’y avait encore que Napoléon qui l’avait faite, (un souffle), et le revêtement du bronze des canons pris aux Autrichiens, des douze cents canons pris à l’ennemi, je pense en une seule campagne. Elle n’avait encore que ce revêtement de bronze de la plus grande histoire, de la plus grande gloire militaire, elle n’avait encore que ce revêtement de 1805. La politique n’y était point encore passée, la toute-puissante politique, je veux dire la seule omnipotente, la politique intérieure, celle où les Français se battent les uns contre les autres : parce que n’est-ce pas, se battre contre les Autrichiens tout le monde fait ça, tout le monde peut en faire autant. C’est pas malin. Ce qui est malin, c’est de se battre entre nous. Il ne pouvait pas non plus la nommer la colonne Vendôme, c’eût été trop familier. Ensuite il y a eu la concurrence de l’autre colonne. Pendant tout Louis-Philippe et la deuxième République et le deuxième Empire ça a marché très bien. Il y avait cette dualité parfaite, les deux colonnes du Temple, Dieu dit : — Il en faut deux ; et dans le sanctuaire… L’un sculptait l’idéal et l’autre le réel… On en oubliait les deux colonnes, ensemble, jumelles, de la place, de la barrière du Trône. C’était parfait, cette concurrence, la colonne Vendôme, la colonne Juillet ; deux sœurs ; l’aînée, la cadette ; devenues aussi grandes l’une que l’autre ; un bonhomme sur l’une, un bonhomme sur l’autre ; sur l’une un bonhomme habillé ; plus qu’habillé ; vêtu ; drapé ; ou armé ; sur l’autre un jeune bonhomme inhabillé. Tout allait bien. L’un, dit-on, était le génie de la Liberté. On m’accordera
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