connu brusquement, tous deux ensemble nous avons connu le péché et l’état de péché. Les philosophes et les philosophies, ces grossiers, (les théologies et les casuistiques, ces autres grossiers, ces grossiers parallèles, et les scholastiques), les cléricaux de l’une et l’autre loi, ces grossiers ensemble, les docteurs de la loi cléricale et de la loi anticléricale, ces conjoints, les docteurs de la loi (cléricale) laïque et de la loi (laïque) cléricale, ces conjurés, tous ces intellectuels enseignent ensemble, professent qu’il y a des péchés, peccata, des actes que nous commettons, des actes, limités, que nous péchons. Que l’on commet. Qu’avec ces péchés naissent et meurent, commencent et finissent, se découpent nos responsabilités. Et tout ce qui dans les systèmes des intellectuels accompagne la et les responsabilités, se modèle sur les responsabilités, les suit aveuglément : le regret, le remords, le repentir, la pénitence, la contrition. Hélas, mon ami, si nous n’avions à nous garer que des péchés que nous commettons ; on pourrait voir encore. Mais il en est des péchés comme des automobiles. Ils circulent eux-mêmes. Ils nous attendent, ils nous guettent eux-mêmes. Et même ils s’arrangent pour qu’il y ait encore de notre faute. Vous partez tous les matins de chez vous. Ça va bien. Vous traversez trente, quarante fois par jour le boulevard Saint-Germain, pour aller à Danton. Prendre une leçon d’audace. Il n’y a jamais rien. Tout votre organisme est déjà dressé, fait, inconsciemment tendu, sans fatigue au moins apparente, au moins consciente, habitué à faire que les autos défilent devant vous et non pas dessus vous. C’est pourtant par un jour pareil, commencé de même, commencé le même, et qui
Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/497
Apparence