Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/323

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G L I plus que toutes les « histoires » du monde. Vous passez devant un passage, (mettons que ce soit le passage Ghampollion). — Ici demeurait Rogeard. Il y avait là la maison Ruhmkorff. (C'était encore un Allemand qui était déjà venu en France). Vous savez, les bobines Ruhmkorff. Dans ce temps-là l'électricité n'était pas aussi commune qu'aujourd'hui. Aujourd'hui on n'y pense plus. Dans ce temps là, c'était une grande nouveauté. Et quand on demandait au père Rogeard où il demeurait : Je demeure chez le père Electrique, (disait-il). Et aussi par Vuillaume vous savez, vous, ce que c'est que les Propos de Lalnénus, et ce que ce fut que l'explosion des Propos de Labiénus. Vous revoyez la petite bro- chure verte, (ou bleu, dit-elle, ou une autre couleur, moi je ne sais plus, dit-elle, mais vous vous le savez), vous la touchez des yeux, parce que celui-là, quand on lui parle de ses vingt ans, il ne se met pas à vous réci- ter de l'histoire de France. Et vous vous allez lente- ment avec lui, vous le pressez, vous le poussez, (il n'en a pas besoin), vous le sollicitez, humble solliciteur, avide de vivre littéralement un autre temps, désormais aboli, heureux, (faut-il dire tout, presque un peu comme un amateur d'autographes, presque du même bonheur, qui est sans mesure, mais rien aussi beau qu'un vice), (et aussi bien venu), (et aussi solide et aussi bien planté), heureux d'avoir enfin trouvé dans votre vie cette rareté, un véritable, un authentique chroniqueur. — C'est ici, on ne sait pas comment ça s'est fait, qu'un fédéré, mon cher ami, a été écrasé par

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