Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/107

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système, encadre en ce cadre, projette en visions de cette théologie ses propres mouvements. À la limite une âme ardente qui projette en inspirations divines extérieures, venant du dehors, ses propres inspirations humaines intérieures, internes, venues du dedans. Disons donc le mot, sans offense pour personne, ce sont pour eux des hallucinations. Des hallucinations je le veux bien pour ainsi dire en tout bien tout honneur. Des hallucinations pour ainsi dire pour le bon motif. De hautes et de nobles et d’ardentes hallucinations. Si l’on veut encore des hallucinations uniques. Des hallucinations comme il n’en serait pas donné à beaucoup d’autres. Des hallucinations comme il n’en serait donné à nul autre. Des hallucinations rares, uniques. Des hallucinations héroïques. Des hallucinations qui feraient la preuve qu’une âme est une grande âme, une âme héroïque et humainement une âme sainte. Mais enfin des hallucinations. Dans ce système Jeanne d’Arc serait, est une hallucinée. Une hallucinée si je puis dire de (tout) premier ordre. La plus pure, la plus noble, la plus grande, la plus sainte, (humainement), des hallucinées. Une hallucinée si l’on veut encore infiniment héroïque, infiniment (humainement) sainte ; humainement divine, car ils ne reculent point toujours devant ce mot ; et plusieurs même l’affectent et l’affectionnent particulièrement ; sans que ce soit toujours par pose ni par un larcin ; qui serait alors, qui est quelquefois d’un goût douteux. Enfin une hallucinée infiniment supérieure, une âme hallucinée, une hallucinée d’infiniment plus de prix que tant d’âmes saines. — Une hallucinée enfin.