Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/108

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§ 190. — C’est-à-dire, ne fuyons pas les mots, une folle. Sans offenser personne et en tout bien tout honneur une folle. Une âme non saine, non en possession, en puissance, en jouissance de la commune, de la normale, de la régulière puissance et santé. Une folle extraordinaire, une folle héroïque, une folle humainement sainte, humainement divine, une folle sublime. Enfin une folle.

§ 191. — Généralement ces hommes ont un système, enseignent un système, — (et c’est entre tous un système et physique et métaphysique ; c’est-à-dire d’une part et physiologique et psychologique et sociologique, et d’autre part métaphysique), — (entre tous métaphysique), — un système où liés eux-mêmes, — (comme l’était M. Laudet), — liés en creux, entraînés par la réelle communion des saints, par la réelle liaison des saints ils croient, ils enseignent que généralement nos saints sont des fous, notamment des hallucinés, que nommément Jésus, le saint éminent, est éminemment un fou, notamment un halluciné.

§ 192. — Pour nous chrétiens ces hommes sont des hommes qui ne sont point éclairés et des hommes qui ne sont point assez profonds. Ils manquent de lumières que nous avons eu le bonheur de recevoir. Ils ne voient point ce que nous voyons, ce qui éclate à nos yeux. Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée. Ils sont abusés. Ils ne voient point dans les réalités spirituelles. Ils ne sont point profonds : ils ne pénètrent point, ils ne descendent point, ils n’affouillent point, ils n’approfondissent point dans les réalités spirituelles.