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Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/109

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§ 193. — Mais enfin tant que ces hommes sont de bonne foi, — (et beaucoup d’entre eux sont de bonne foi), — non seulement nous ne devons pas et nous ne pouvons pas leur refuser notre estime, mais et encore plus, et surtout, et premièrement nous ne devons pas et nous ne pouvons pas songer à leur refuser tous les secours spirituels dont nous pouvons disposer.

§ 194. — Mais quelle est, or quelle est d’abord, quelle est la première, quelle est essentiellement cette bonne foi que nous sommes en droit, que nous avons le droit, et le devoir, de leur demander. Cette bonne foi consiste évidemment, cette bonne foi élémentaire, cette bonne foi pour ainsi dire grossière, la première et comme la plus grosse que nous devions, que nous puissions leur demander consiste évidemment à ne point vouloir entrer, je veux dire à ce qu’ils ne veuillent point entrer chez nous, pénétrer parmi nous sous de petits manteaux bleus. Cette toute simple probité élémentaire, cette bonne foi que nous leur demandons, que nous n’avons pas même à leur demander, qu’ils nous rendent naturellement, avant, que nous ayons à la leur demander, sans que nous ayons à la leur demander, c’est tout uniment de ne pas se dire catholiques et de ne pas vouloir se faire passer pour chrétiens.

§ 195. — Il faut rendre cette justice que c’est ce qu’ils font généralement et c’est pour cela que nous sommes relativement à l’aise avec eux. Ni M. Anatole France ne se dit catholique, ni M. Georges Dumas n’est un pilier de sacristie. Aussi on peut les voir, on peut causer. Ils ne cherchent à tromper personne.