Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/118

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tion de savoir si nos fidélités modernes, je veux dire nos fidélités chrétiennes baignant dans le monde moderne, assaillies, battues de tous les vents, battues de tant d’épreuves, et qui viennent de passer intactes par ces deux siècles d’épreuves intellectuelles, qui viennent de traverser indemnes, inentamées, inaltérées ces deux, ces trois siècles d’épreuves intellectualistes ; c’est une grande question que de savoir si nos fidélités, si nos créances modernes, c’est-à-dire chrétiennes baignant dans le monde moderne, traversant intactes le monde moderne, l’âge moderne, les siècles modernes, les deux et les plusieurs siècles intellectualistes n’en reçoivent pas une singulière beauté, une beauté non encore obtenue, et une singulière grandeur aux yeux de Dieu. C’est une question éternelle que de savoir si nos saintetés modernes, c’est-à-dire nos saintetés chrétiennes plongeant dans le monde moderne, dans cette vastatio, dans cet abîme d’incrédulité, d’incréance, d’infidélité du monde moderne, isolées comme des phares qu’assaillerait en vain une mer depuis bientôt trois siècles démontée ne sont pas les plus agréables aux yeux de Dieu. Nolite judicare, nous ne le jugerons point, et ce n’est pas nous, on l’oublie trop souvent, qui sommes chargés de faire le jugement. Mais sans aller jusqu’aux saints, jusqu’à nos saints modernes, chronologiquement modernes, nous pécheurs nous devons éviter de tomber dans l’orgueil. Ce n’est peut-être pas un orgueil que de voir. Ce n’est peut-être pas de l’orgueil. Que de constater autour de nous. Qu’assaillis de toutes parts, éprouvés de toutes parts, nullement ébranlés nos constances modernes, nos fidélités modernes, nos créances modernes, chronologiquement modernes, isolées dans