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Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/121

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Ce sont les infidèles épars, les infidèles communs, diffus ou précis, informes et formels, informes ou formels, généralement répandus, les infidèles de droit commun, et encore plus ce sont les infidélités qui nous ont rapporté le combat chez nous. Le moindre de nous est un soldat. Le moindre de nous est littéralement un croisé. Nos pères comme un flot de peuple, comme un flot d’armée envahissaient des continents infidèles. À présent au contraire c’est le flot d’infidélité au contraire qui tient la mer, qui tient la haute mer et qui incessamment nous assaille de toutes parts. Toutes nos maisons sont des forteresses in periculo maris, au péril de la mer. La guerre sainte est partout. Elle est toujours. C’est pour cela qu’elle n’a plus besoin d’être prêchée nulle part. Je veux dire en un point déterminé. Qu’elle n’a plus besoin d’être prêchée jamais. Je veux dire à un instant déterminé. C’est elle à présent qui va de soi, qui est de droit, commun. C’est pour cela qu’elle n’a plus besoin d’être décrétée. Signifiée. Elle est toujours. Elle est partout. Ce n’est plus la guerre de Cent Ans. C’est à l’heure qu’il est une guerre de deux cents ou de cent cinquante et des années. Cette guerre sainte qui autrefois s’avançait comme un grand flot dont on savait le nom, cette guerre continentale, transcontinentale, que des peuples entiers, que des armées continentales transportaient d’un continent sur l’autre, brisée aujourd’hui, émiettée en mille flots elle vient aujourd’hui battre le seuil de notre porte. Ainsi nous sommes tous des îlots battus d’une incessante tempête et nos maisons sont toutes des forteresses dans la mer. Qu’est-ce à dire, sinon que les vertus qui alors n’étaient requises que d’une certaine fraction