Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/124

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d’hui sont requises de cette femme et de cet enfant. C’est de là que nos constances, c’est de là que nos fidélités, c’est de là que nos créances reçoivent, c’est de là qu’elles revêtent cette grandeur unique, cette tragique beauté obsidionale, unique au monde, cette beauté de fidélité dans l’investissement, qui fait la grandeur, qui fait la tragique beauté unique des grands sièges militaires, du siège d’Orléans et du siège de Paris et pourquoi ne pas le dire de Rochereau dans Béfort, de Masséna dans Gênes. Nous sommes tous aujourd’hui placés à la brèche. Nous sommes tous à la frontière. La frontière est partout. La guerre est partout, brisée, morcelée en mille morceaux, émiettée. Nous sommes tous placés aux marches du royaume. Nous sommes tous des marquis, il est certain que nous faisons des guerres que nos aïeux n’avaient point faites, nous sommes tous des marquis, comme ce Guillaume III, dit d’Auvergne, évêque de Paris, voulait que le fût ce théologien. IX. 46. « uns grans maistres de divinitei ». 48. « — Or vous dirai-je autre chose, fist li evesques. Vous savez que li roys de France guerroie au roy d’Engleterre ; et savez que li chastiaus qui est plus en la marche de aus dous, c’est la Rochelle en Poitou. Or vous veuil faire une demande : que se li roys vous avoit baillié la Rochelle à garder, qui est en la male marche, et il m’eust baillié le chastel de Montleheri à garder, qui est au cuer de France et en terre de pais, auquel li roys deveroit savoir meillour grei en la fin de sa guerre, ou à vous qui averiés gardée la Rochelle sanz perdre, ou à moy qui li averoie gardé le chastel de Montlehery sans perdre ? — En non Dieu, sire, fist li maistres, à moy qui averoie gardée la Rochelle sanz perdre. »