Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/125

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49. « — Maistre, dist li evesques, je vous di que mes cuers est semblables au chastel de Montleheri ; car nulle temptacion ne nulle doute je n’ai dou sacrement de l’autel. Pour laquel chose je vou di que pour un grei que Diex me sait de ce que je le croy fermement et en pais, vous en sait Diex quatre, pour ce que vous li gardez vostre cuer en la guerre de tribulacion, et avez si bone volentei envers li que vous pour nulle riens terrienne, ne pour meschief que on feist dou cors, ne le relenquiriés. Dont je vous di que soiés touz aaises ; que vostre estaz plait miex à Nostre Signour en ce cas, que ne fait li miens. » Quant li maistres oy ce, il s’agenouilla devant l’evesque, et se tint bien pour paié.

§ 226. — Si donc on veut dire que nous sommes en un certain sens, qu’une vague, qu’une grande vague d’incrédulité a passé, qui n’était point connue, qui n’était certainement peut-être point soupçonnée dans les temps antérieurs, que nous sommes en un certain sens dans et sous un certain règne de l’incrédulité on a raison de le dire, on a même le droit et le devoir de le dire. Mais on ne fait qu’énoncer un gros fait historique, un fait historique général, assez grossier, sur lequel il n’y a ni ne peut y avoir aucune hésitation, pas la moindre discussion.

§ 227. — Une vague a passé ; tout le monde est d’accord sur ce point. Combien de temps restera-t-elle étale ; nul ne le sait. Mais si l’on veut dire qu’elle a tout submergé, (ce que veut dire, ce que dit M. Laudet), en ce sens qu’elle aurait envahi la nature même de notre foi, c’est alors que l’on tombe, (comme M. Laudet