Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/127

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lités, nos constances, nos créances, nos fois sont elles aussi, elles toujours, des fidélités de tribulation. Nous aussi, nous tous, nous toujours nous lui gardons nos cœurs en la guerre de tribulacion. Nos fidélités sont dans toute la pleine force littérale du beau mot latin des fidélités d’obsession.

§ 232. — Où M. Laudet a vu un affaissement, l’histoire et ensemble la foi ne peuvent voir qu’une exaltation. Rien n’est aussi beau qu’une fidélité dans l’épreuve, rien n’est aussi beau que le courage dans la solitude, rien n’est aussi beau que cette sorte d’éternité temporelle, rien n’est aussi beau, rien n’est aussi grand que celui à qui on confie le poste de solitude. Mais que si on va jusqu’à dire ce que dit M. Laudet, que cette vague aurait pour ainsi dire envahi l’intérieur de chrétienté, qu’elle aurait littéralement inondé, submergé, envahi le dedans de l’Église, le dedans du christianisme, le dedans de la chrétienté, le dedans du chrétien, qu’elle aurait envahi, altéré le dedans de notre foi en telle sorte qu’il y aurait lieu de distinguer, et même d’opposer, monsieur Laudet, des âges de foi et des âges qui, monsieur Laudet, sans doute ne seraient pas de foi, et donc en telle sorte qu’il y aurait lieu de distinguer, et même d’opposer, monsieur Laudet, une foi qui serait naïve et de candeur, (celle de Jeanne d’Arc et du « quinzième »), et une foi, monsieur Laudet, (la nôtre, la vôtre) qui ne serait pas naïve et de candeur, sur ce point rassurez-vous, monsieur Laudet, nous sommes en mesure de vous rassurer ; nous préférons vous le dire tout de suite : nous sommes aussi bêtes que saint Augustin et que saint Paul, que saint Louis et que